En cette période de l’année les eaux du Taarne ont la beauté d’un plaisir inaccessible. En revenant du Département Archéologie, je me suis arrêtée à la tour de l’horloge. La porte est toujours ouverte. Je n’ai pas pu m’empêcher de grimper les quelques marches de granites qui me permettent de contempler cette pure merveille de la mécanique.
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Les questions que soulève la découverte de ces premiers artefacts sont nombreuses.
Qui a voulu les cacher et les préserver, et pourquoi ? Quid des 100 autres oracles ? Ont-ils existé et sous quelles formes ? Quels ont été leurs diffusions et leurs impacts réels sur la préservation de la Ville ? La (ou les) créateur/transmetteur(s) de ces oracles n’a pas voulu ou pu en dire plus.
Si la tradition orale et les « règles » de la tablette 14 évoquent clairement une jouabilité, elles ne permettent pas de préciser un type de jeu ou le nombre de ses joueurs, désignés comme les inconnu·e·s a, b, c, etc.
Nous n’avons trouvé à ce jour aucun écrit concernant d’éventuels pions, jetons, gains, etc. Il semble que la conception du plateau de jeu, des règles et des déroulements fasse partie intégrante du parcours initiatique que les «113 oracles» proposaient.
Les enfants des agrégations apprennent la comptine «Les 113» dès leur plus jeune âge. Mise en regard avec les artefacts, cette comptine apparaît comme étant une clé de jouabilité prometteuse.
La curiosité pour la période de la Petite extinction est très grande au sein des agrégations. Afin de mutualiser la reconstruction de cette histoire collective, l’Université Libre de Pont-de-Montvert a décidé la diffusion de fac-similés accompagnés des treize premiers couplets de la comptine «Les 113»1. Cette diffusion permettra aux cercles d’évaluer cette conjecture et l’efficience de ces artefacts.
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De façon surprenante, contempler ces rouages a sur moi un effet apaisant, comme si le temps s’arrêtait. Le mécanisme de l’horloge a été mainte fois réparé et transformé, mais la cloche qui rythme les heures a traversé les siècles.
Je ne peux m’empêcher de penser à celle (à celui ou à ceux?) qui nous a laissé ces traces de céramique et de plomb. Quel était son âge, ses motivations, ses rêves, ses amours? Nous ne le saurons sans doute jamais…
Ce que je sais, c’est qu’elle a dû entendre sonner cette même cloche. Comme moi, elle a tracé un chemin qui, d’une manière ou d’une autre, traversera les siècles.
Maintien de votre structure
au sein des cercles et des agrégations.
Prudence LouiPop
Archéologue/Paysanne
Doctorante ULPM
Responsable du chantier Vieille Ville
- Transcription d’après les chants recueillis et synthétisés par Émile TancheDherbe. In Comptines & Chants du Pont-de-Montvert au XXVe siècle, ULPM – Dépt. Archéologie, 2407